Sortie : 15 mars 2023 | réalisé par : Jon S. Baird | où le voir
Le jeu mondialement connu a enfin droit à son film (Pixels lui piquait déjà pas mal de chose). Sauf que là, il n'est pas vraiment question du jeu en lui-même, mais de son histoire. Tout le monde sait que le créateur s'est fait carotter ses droits alors que Tetris est un hit mondial. Mais comment tout s'est réglé en coulisses, personne ne le sait. Et c'est ce que le film va nous raconter.
L’histoire
1988. Henk Roger est un développeur de jeux vidéos au Japon. Il découvre lors d'un salon un jeu original, simple et addictif dont il veut acheter les droits. Seul hic, c'est un jeu produit par l'URSS et commercer avec eux est impossible, car tout appartient à l'État directement. Vendre aux autres pays reviendrait à s'ouvrir au capitalisme et ça ferait tâche (aucun rapport avec Gorbatchev). Au même moment, Nintendo veut lancer une nouvelle console portative. Henk voit petits blocs s'aligner et y croit ! Il va tout risquer pour réussir l'obtention des droits et l'exclusivité de Nintendo. Sauf qu'il va se rendre compte qu'il n'est pas seul dans la course. De plus gros développeurs sont là aussi. Henk va se jeter dans un marasme mêlant droits juridiques, politique internationale, mafia, business et coup bas. Il va tout risquer, car il est persuadé qu'il en ressortira vainqueur.
L'originalité du traitement porté au film ne va pas vous laisser une seconde de répit dans ce qui aurait pu être une belle page Wikipédia illustrée. La trame narrative use de toutes les méthodes possibles pour rendre le film ludique et didactique. Flashbacks, chapitres, illustrations en pixels, tout est fait pour rendre digeste la complexité de l'affaire. Ça pourrait être le 99francs du jeu vidéo, la cocaïne en moins.
Techniquement
Tourné alors que la Guerre entre la Russie et l'Ukraine était déjà lancée, toutes les parties russes ont été reconstituées en Écosse ! On peut saluer le travail effectué pour restituer les années 80. La direction artistique a fixé un cap un peu trop coloré à mon goût (notamment le personnage de Robert Maxwell et son allure).
L'apport des séquences ou des détails en pixels est "amusant" et pourrait paraitre un peu lourd (genre le montage en vignettes de BD de Hulk d'Ang Lee). Heureusement, la chose n'est pas si appuyée que ça.
La musique de Lorne Baffle est vraiment maitrisée, elle sent bon l'époque et les différents pays traversés par l'histoire. Certains hits viennent ponctuer les séquences de manière redoutable. Ça ne fait que contribuer au rythme effréné donné au film.
Casting
Taron Egerton campe un personnage aussi fort de caractère en affaire que touchant en famille. Il va de l'humour à l'action sans aucun problème, mais avait-il besoin de nous convaincre ? Les rôles secondaires peuvent paraître un peu caricaturaux. Toby Jones, sait-il faire autre chose que l'homme puissant un peu con ? Roger Allam et Anthony Boyle surjouent leur relation père-fils / patron-héritier dans des costumes et des maquillages bien colorés. Quant au casting "Russes", Nikita Efremov prend les traits du créateur de Tetris sous emprise. Sofia Lebedeva est une vraie révélation ! Et les autres jouent les méchants russes comme dans les anciens James Bond...
Conclusion
Si la forme prend souvent à tort le dessus sur le fond de l'histoire, Tetris n'en reste pas moins un très bon téléfilm de luxe, passionnant et haletant de bout en bout. Petit bémol, les producteurs du film sont les protagonistes principaux (Henk Roger & Alekseï Pajitnov) ce qui explique qu'ils n'ont aucune zone d'ombre. Quand on dit que l'histoire est écrite par les vainqueurs...
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