sortie : 9 août 2017 | réalisé par : Rodrigo Sorogoyen | où le voir
Le cinéma espagnol revient à la charge depuis quelques années en proposant au moins une fois par an un excellent film policier. En 2017 c'était l'année de Que Dios Nos Perdone (Que dieu nous pardonne...vous l'aviez traduit sans mon aide). La tension est à son maximum !
critique du 8 août 2017
L'histoire
2011 à Madrid. Le mouvement social des Indignés fragilise le pays. La police tendue et certains se laissent aller à des violences comme Javier un des personnages principaux. D'autres sont des enquêteurs assidus comme Luis Velarde. Le Pape Benoit XVI vient en visite dans la ville, il faut donc assurer sa sécurité et calmer les citoyens. Sauf qu'un tueur en série vient pointer son nez en violant et tuant de vieilles dames. Ça fait tâche et affaibli l'image de la police...Donc il faut l'attraper au plus vite.
Politique, religion, mouvement social, thriller : c'est ultra ambitieux ! Peut-être un peu trop même. Car tout ces arguments de vente disparaissent au final assez vite pour se concentrer sur l'essentiel : le thriller. Et au final, ce n'est pas plus mal. En une phrase la venue de Benoit XVI est écartée de l'histoire, le mouvement social justifie juste qu'il y a des manifs et qu'il est compliqué de poursuivre un mec dedans. Donc exit tout cela et concentrons-nous sur l'essentiel.
Dès le début du film on est plongé dans la découverte d'un cadavre. Un meurtre sordide, caméra épaule, on suit les enquêteurs et on découvre le corps avec eux. Un tueur et violeur de vielles dames rode dans la ville. On va découvrir Madrid sous un angle "Bernard de la Villardière". On se rappelle de Seven sous la pluie, ici Madrid est en pleine chaleur. Tout y est poisseux, les enquêteurs n'arrivent pas à dormir, l'inconfort sera total. Ils essaient de jongler entre leurs vies pourries et la pression de leur travail qui est la seul chose qui les tient en vie.
Habituellement, l'identité du tueur est LA clef du film. Soit on le découvre au début, soit à la toute fin. Là ce sera en plein milieu. Chose étonnante, et intéressante. Car d'un coup l'enquête ne devient plus la chose principale du film. Les cartes sont redistribuées en permanence et c'est ça qui devient excitant. Le jeu de piste entre le tueur et les policiers se fait aussi entre le réalisateur et le spectateur. Vous serez scotché à votre siège tout du long.
Techniquement
L'esthétique du film est très réaliste. Aucune fausse note là-dessus. Les choix de cadres et de lumière sont audacieux et très intéressants. Tantôt des plans longs filmé en grand angle, tantôt des plans fixes assez froids accentuant les états des personnages. La manière de filmer pourra vous induire parfois en erreur, vous donner de l'empathie pour certains personnage...Un bel exercice de style.
Casting
Antonio de la Torre et Roberto Alamo sont ce qu'il se fait de mieux en comédiens espagnols. N'importe quel film avec l'un deux sera un grand moment de cinéma. Tous les deux réunis ici c'est du pain béni. De la Torre joue ici un mec renfermé, bègue et rempli de faiblesses quant à Alamo, il y est brutal, macho et perdu dans sa vie. Ils interprètes deux flics remplis de défauts à la limite de franchir la ligne jaune. Un vrai plaisir pour le spectateur. Tous les seconds rôles sont extraordinairement bien campés.
Conclusion
Si vous voulez voir un bon film policier c'est celui-ci. D'excellents personnages interprétés par de très bons comédiens. A vouloir entrer trop dans le détail des histoires secondaires, le film peut paraître brouillon par moment. Mais ce petit film vaut vraiment le détour ! Ils sont forts ces espagnols !!
Comments