sortie : 31 octobre 1952 | réalisateur : Charles Chaplin | Netflix
Certains films de Chaplin étaient passés entre les mailles de mon filet. Netflix en proposant maintenant dans son catalogue, il était temps pour moi de rattraper mon retard. J'ai donc commencé avec celui-ci puisqu'il y a mon autre idole...Buster Keaton.
L'histoire
Calvero, un vieux clown porté sur la bouteille à cause d'une fin de carrière en berne, va sauver la vie de Thérèze, sa jeune voisine et la recueille chez lui le temps de sa convalescence. Elle a tenté de se suicider car elle ne trouve plus de sens à sa vie. Un temps danseuse, de l’arthrite l'a empêché de poursuivre ses rêves. Le médecin est formel, c'est psychosomatique. Le vieux Calvero va donc jouer le psy pour la débloquer et lui redonner la possibilité de marcher puis de danser. Douée, elle va devenir une star de ballet et renvoyer la pareille à ce vieux Calvero que plus personne ne veut sur scène en lui offrant une dernière possibilité de revenir sous les acclamations du public.
Limelight, dans son titre original, est une comédie poignante et simple dans sa forme. Chaplin réalise ici un film de plus de deux heures sur la transmission, le remplacement, la fin de carrière, le renouveau ou encore le souvenir. Il joue ici un comédien oublié de tous Calvero qui sur scène interprète le "Tramp Comedian" (le comédien clochard). Impossible de ne pas faire le parallèle avec son personnage de Charlot donc. Même s'il joue une fois de plus un homme sans argent...dans le réel pour Chaplin c'est quand même bien plus confortable !
Le récit se concentre sur l'essentiel. Nous suivons Calvero et Thérèze dans leur quotidien. Nous voyons comment ils s'entraident l'un l'autre et comment le rapport de force vient à changer tout au long de l'histoire. Nous voyons aussi l'instabilité des vies qu'ils ont choisi dépendants chacun de la volonté des producteurs de les faire ou les défaire, les espoirs et les désillusions que cela entraîne. Le tout est proposé avec beaucoup de mélancolie. Calvero se rappelle en dormant la star qu'il était quand Thérèze se rappelle quand elle était amoureuse.
Puis la vapeur s'inverse. L'humour et l'écoute de Calvero se transforme en noirceur et en fuite, quant à la maladie de Théreze se transformera en succès...Mais elle se sait redevable et ne le lâchera pas, usant son succès naissant pour redonner un peu de gloire à l'ex-star.
Techniquement
Le réalisateur est bien là ! Avec un film long, certes, mais jamais ennuyeux tant il est rythmé. Le montage est un de ses points forts. La lumière est particulièrement soignée et vient souligner par son clair-obscur maîtrisé les différents changements de tonalités du film. Les quelques "effets spéciaux" du film paraissent bien mal maîtrisés et désuets quand on le compare aux autres films de l'époque (notamment les arrières plans incrustés). La musique n'est pas en reste, une magnifique composition qui vaudra un Oscar à la sortie du film aux USA en 1973 (Chaplin ayant été une victime du Maccarthysme avait vu son film interdit à sa sortie)
Casting
Chaplin est sans conteste LA star du film, même s'il parle ici de la transmission entre deux artistes...Claire Bloom qui joue Thérèze partage certes l'affiche, mais Chaplin a une facheuse tendance à privilégier les plans sur lui. Il refait la même chose sur les scènes avec Buster Keaton...qui reste bien en arrière de la star ! Les seconds rôles sont tous très classes. Son fils Sydney Chaplin, joue le jeune amoureux de Thérèze avec élégance. Pour les autres on est loin des caricaturaux comédiens des débuts de Chaplin (même si le méchant producteur est toujours un vieux gros bien grand qui parle fort).
Conclusion
Netflix propose à présent de grands classiques et redore son image par la même occasion. Avec ce film indémodable et terriblement mélancolique dans son sous-texte, vous aurez à sourire et à rire. Chaplin du haut de ses 64 ans virevolte comme jamais. Le point d'orgue étant la réunion de Chaplin et Keaton dans un même numéro. Montrant bien là la fin d'une époque.
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